dimanche, avril 16, 2006

Age roman: le pourquoi



Première partie, ou comment nous avons "découvert" Cluny.

Je ne sais pas vous, mais moi, jusque cet été je ne savais presque rien de clunisiens ou cisterciens… Malgré le fait que je suis déjà depuis 14 ans en France. C’est vrai que les Français qui m’entourent eux non plus ne semblent pas très informés. Et je vous propose de faire un sondage autour de vous : combien des gens qui vivent en France, Français « de souche » ou d’origine " étrangère », savent…
C’est vrai aussi que la France est tellement pleine de monuments, qu’à un moment donné on ne fait même plus attention : comme ma belle-mère (83 ans) qui, quand j’exclame « regardez comme c’est beau » répond au tac au tac : «j’ai vu ça toute ma vie… »

Ben, oui… Et petit à petit, diverses révolutions aidant, on a oublié la signification…

Et pourtant

Bon, je vais vous raconter tout, dés le début.

L’hiver 2004-2005 a été, pour plusieurs raisons, dont une grippe et le fait d’arrêter de fumer, très difficile pour moi. Je suis sorti au printemps avec une sort d’angoisse qui ne me quittait pas, au bord de la déprime… Qu’est ce que je dis au bord ? Le docteur m’a même recommandé du deroxat pour au moins trois mois! Mais, en lisant sur des Forums médicaux (ah, Internet quand tu nous tiens…), en voyant les conséquences que ce médicament peut générer, j’ai pris la décision de me prendre plutôt en main et, Michel aidant, d’inventer mon propre traitement…

Une première étape de ce nouveau "traitement" a été un séjour d’une semaine à Malte, suivi, entre autres, par des excursions à travers la France tous les trois ou quatre week-ends …

En démarrant ce "régime" d'excursions nous, c'est à dire Michel et moi-même, nous avons eu quelques «ratées» cuisants, suivies d’orages tragi-comiques dans notre couple… Soyons clairs, quand je dis "ratées" je fais référence surtout au but déclaré de ces virés: si on considère qu'on part pour me faire plaisir et pour lutter contre ma "déprime", si en revenant je suis malheureuse et je n'arrêt pas de pleurer, on peut considérer que c'est raté, je crois... Comme ce dimanche quand, en compagne de nos copains Maurice et Nicole (en fait Maurice est le meilleur ami de Michel et il est aussi passionné que nous par les voyages. Sinon plus: preuve, il fait chaque année l'aller-retour à la Guadeloupe, où il s'est même construit une maison...) nous avons passé à coté du St.-Cyrq-Lapopie sans y entrer, car "de toute façon on peu tout voir d'ici"...
C'est vrai que la vue était magnifique, avec le village perché sur son rocher, à 80m en dessus du Lot, mais peut être que l'église du XVe siècle, ou les vieilles maisons "à poutres apparentes et portes gothiques", sinon les vestiges de l'ancien château médiéval (voir le guide bleu de la France) auraient été aussi intéressants à voir...
Mais qu'est ce que je dis St.-Cyrq-Lapopie? En fait nous avons traversé tout le sud de la France (Clermont-Cahors et retour) presque sans nous arrêter, sauf pour manger pendant 2 heures dans un restaurant quelque part entre Cahors et St.-Cyrq-Lapopie. J'exagère un peu, car, en allant, nous avons visité quand même, quoique un peu en courrant, le célèbre Collonges-la-Rouge, ce magnifique village d'étape sur la route de Saint Jacques de Compostelle, aux maisons en grès rouges... En voilà deux photos:

En tout cas, au retour, plus on avançait vers notre maison, plus ma colère augmentait! Faire tant de kilomètres seulement pour aller manger ?! Sans jamais s'arrêter,ou presque ! Ca me dépasse! Surtout que je ne suis pas trop "voiture", et encore moins "restaurant", moi: si je ne descends pour marcher, pour voir de près, pour sentir les odeurs et éventuellement toucher, c'est comme si je n'avais rien vu! Et tant pis pour les paysages de la vallée du Lot, ou du Célé, superbes par ailleurs... Ben, je pense que j'émettais d' ondes avec mon mécontentement, car à un moment donné, sur le chemin de retour, en faisant nous une halte "santé" à Martel, c'est Michel lui même qui nous à proposé d'aller visiter un peu la ville. Et quelle belle surprise: une vrai cité médiévale, avec des belles maisons du XIVe-XVe siècle, avec une halle du XVIIIe à charpente en bois, où ce tient des renommés marchés aux truffes...


Donc, finalement ce n'était pas si mal. Et en étant si "mécontente" après cette excursion, malgré tout assez réussie, je ne savais pas ce qui m'attendait et qu'il y a pire... Car, quelques semaines plus tard, pour me faire plaisir, Michel, qui n'a jamais du temps libre, (les 35 heures il ne connaît pas, qu'est ce que je dis 35, ni 85 ne sont pas assez pour lui), a accepté de partir un week end entier (samedi et dimanche!!!) chez des copains qui faisaient une cure thermale dans les Pyrènes, plus précisément à Aulus les Bains, dans l'Ariège...


Ben, là, rien à dire, c'est magnifique!
En premier lieu, il y a la montagne, avec ses combes et ses crêtes, qu'on a pu voir de près le soir de l'arrivée. C'est vrai que nous ne les avons pas trop vus, mais seulement parce que la nuit était tombée, car autrement nous y sommes resté assez longtemps: nous avons mangé sous les étoiles, à 2000 m, au milieu de nulle part... Voilà un peu l'endroit, photographie d'en bas, le lendemain...

Oui, il y avaient les Pyrénées, même l'endroit est, paraît-il, célèbre, car c'est là qu'est venu pour "mourir" l'un des plus grands glaciers pyrénéens. D'où la majesté du paysage, vert et accidenté, avec des cascades et des rivières souterraines, (semble-t-il, car nous ne les avons pas vus non plus, mis à part le Mas d'Azil que nous avons été bien obligés de traverser) avec des belles grottes, dont celle de Niaux, peinte, tout près, étant en plus une des rares grottes peintes encore visitables (car à Lascaux on visite une copie "conforme")... Il y a aussi Foix, avec son château, puis Mirepoix, la vieille bastide du XIIIe siècle, et surtout c'est le pays des cathares, avec le légendaire Montségur, la dernière place forte des "hérétiques"... Vous croyez que nous avons vu tout ça? Que nenni!
Tout ce qu'on a vu c'est la caravane de nos copains, qu'on connaissait déjà, car elle reste tout le reste de l'année, comme c'est normal, dans leur jardin...Et on a vu aussi une toute petite grotte (artificielle?) ou il y a la source, car si c'est Aulus les Bains c'est qu'il y a une source ou les curistes vont boire leurs portions d'eau... Eh ben, d'un coup nous avons bu de l'eau nous aussi, et j'ai filmé cette grotte sur toutes les coutures, en voilà la preuve:
Il faut reconnaître que pour deux jours ce n'est pas grand choses... Pour deux jours, car, comme je le disait plus haut, nous sommes partis dès samedi: nous avons dormi la nuit dans un hôtel je ne sais plus où... Je vais regarder sur une carte, si ça vous intéresse. Et ça devrait vous intéresser, pour savoir où il ne faut pas aller: non seulement la chambre sentait affreusement le moisi, mais, en plus, ils nous ont fait payer la chambre, malgré le fait que mon mari a demandé en mode exprès si ce n'est pas déjà payée, en supposant que nos copains ont payé pour nous...

Et c'était payé! Il a fallu retourner dans la journée pour réclamer l'argent: tant mieux, car nous ne voulions pas que soit nos amis qui payent, mais quand même... Si nous aurions appris leur forfait à Clermont?!...

Et dire qu'en plus je n'ai pas dormi grand chose, car j'ai vomi tout la nuit: les serpentines, en allant en voiture à notre "restaurant" en plein air, en haut des montagnes, le repas, affamée, après tant des heures de route, dans le froid, car je suppose que vous avez compris que nos amis ont eu la merveilleuse idée de nous offrir un pique-nique au clair de lune à minuit...


Enfin, vous avez compris: je n'étais pas du tout contente. Normal, vu combien c'est difficile pour nous de partir d'ici. Si en plus quand nous partons, nous faisons tous ces centaines de kilomètres pour voir... une caravane... Heureusement que la route était superbe: la vallée de l'Ariège, en accompagnant, par ailleurs, le Tour de France, car c'était exactement le dimanche quand le tour de France passait par-là... Mais oh, combien c'est frustrant pour moi de traverser comme ça, à cent à l'heure, sans m'arrêter, des localités comme Pamiers ou Mirepoix... Enfin, c'est pas grave, avec tous ces mésaventures, finalement ça nous fait des souvenirs...
Bon, pour conclure, ces deux expériences, plus une autre excursion assez décevante(*) dans le Poitou-Charente (Parthenay, Thouars), m'ont convaincue qu'il ne faut rien laisser au hasard, ni les itinéraires, ni les partenaires de voyage... Et c'est ce qu'on a fait depuis. Mais, pour commencer, notre conclusion immédiate a été "nous deux, on est bien ensemble et point-barre" : "la prochaine fois on partira que nous deux"!(**)
Ainsi, par une belle dimanche d'août, Michel m'a dit "et si on part aujourd'hui"... Moi, toujours prête, comme "le pionnier soviétique"(***).

Nous avons étudié sur une carte pour voir qu'elle est la région la plus proche de nous (car c'était un peu tard pour parcourir des longues distances), que nous connaissons le moins (je dit "nous", mais je devrais dire plutôt "moi") et nous avons décidé d'aller en Bourgogne... Et c'est ainsi que nous avons découvert Cluny! Et tout ce qui a suivi...Mais pour ces découvertes, une autre page vous attend...




Notes:

(*) Je vais raconter quand même en deux mots ce que c'est passé dans cette excursion: nous sommes partis jusqu'à Poitiers (quelques trois cent kilomètres!) pour rencontrer une ancienne collègue d'Université de Bucarest, (je précise "collègue" et pas "amie", en plus une collègue que je n'ai pas vu depuis 1972, sinon très brièvement à Bucarest, à l'occasion du banquet d'anniversaire: 30 ans depuis la fin des études. A tel point qu'à ce banquet j'ai fait même une gaffe en lui disant "je me souviens de ton mariage", "lequel" m'a répondu la fille) venue en visite de travail à l'Université de Poitiers. Merci Michel d'être toujours si gentil... L'excursion aurait pu être vraiment belle, j'ai prévu d'aller à Parthenay et à Thouars, le temps était beau, etc... Mais dès le début ma collègue a montré "ses couleurs": en entrant dans la première église de Parthenay, elle a commencé à me parler de la Grande Muraille de Chine, dans le style "moi j'ai vu La Grande Muraille", que je connais si bien... Déjà que la Grande Muraille n'avait rien à voir là dedans, je vous rappelle qu'on était en train de visiter une église "chef-d'œuvre de l'art roman poitevin"!... Qu'est ce que j'avais à f... en ce moment avec la Grande Muraille?! En parenthèse soit dit, j'étais moi-même en Chine et même par trois fois, pour travailler: une fois 3 semaines, une autre plus d'un mois et, enfin, la dernière fois, pour plus de deux semaines. Et je ne sais pas maintenant, mais à l'époque, nos collaborateurs chinois nous organisaient des excursions tous les week ends, alors, la Muraille, je l'ai vu au moins deux fois... Mais, en plus, je connais très bien ce type de phrase et surtout le ton qui l'accompagne: Michel m'a dit une fois que nous, les Roumains, on dirait que nous sommes partis en croisade, pour "conquérir" le monde. Croisade ou pas, certes est qu'il y a comme un sort de compétition: "j'étais dans ce pays", "j'ai vu ça", "j'ai fais ça", sinon "j'ai ça"... Mais cette collègue là, c'était le comble! Ou c'est moi qui déconne, ou, je ne sais pas quoi: après la muraille de Chine, c'était le tour du salpêtre sur les murs, et "l'incompréhension" sur l'état des lieux quand elle voyait des ruines! A un tel point qu'on aurait pu se demander d'où elle vient! Apres quelques phases édifiantes, je n'ai plus rien dit et j'ai lassais faire. Par exemple, quand elle a commencé à m'expliquer comment se fait le traitement des images IRM (ce n'est pas du tout sa spécialité, d'ailleurs elle n'est même pas informaticienne) je n'ai même pas dit que le traitement des images c'est ma spécialité et que j'ai un master d'Imagerie Médicale en France...

(**) En fait nous avons fait des excursions merveilleuse avec d'autres copains ou parentes: même cette été, l'excursion fait avec Annie et Robert, deux jours dans l'Ardèche, ou avec Ioana et Pavel un samedi après midi vers les Gorges de la Sioule et dimanche à Turenne et le Gouffre de Padirac, en Dordogne... Mais ça c'est une autre histoire...

(***) Dans les pays du bloc soviétique les enfants entre 9 et 14 ans faisaient partie de l'organisation de pionniers: avec une cravate rouge au cou et un basque bleu marine sur leur tête. Leur organisation était quasi-militaire. Aux réunions de détachement le comandant demandait "pionniers, vous êtes prêts?" Le détachement répondait en cœur "je suis toujours prêt".

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